Dans cet ode No 596, Rûmî nous pose une question fondamentale :
« Veux-tu sauver ta vie ? » La réponse est tout aussi fondamentale !
« Enfuis-toi auprès du sultan ». Autrement dit : Retourne à Dieu !
C’est une évidence, que nous venons de Lui et qu’à Lui nous retournerons, et pourtant, il est si facile de L’oublier ! Il est si vite fait de L’ignorer !
Le quotidien, la vie éphémère d’ici-bas, nous rendent inconscients, amnésiques ! La course folle à la réussite matérielle, au luxe, au pouvoir, à la notoriété nous distrait de Sa présence et nous persuade que ici, est la vie… alors que la Vie à laquelle nous sommes invités est auprès de Lui ! Puissent ces quelques vers, nous rendre le goût de son amour !
Cette beauté que son éclat même dérobe aux yeux
Rend l’âme féconde par le goût de son amour.
La raison, par nostalgie de son parfum, de la lumière de son visage,
Rit, émerveillée, et pourtant se mord les mains.
A chaque aube, son passage me remplit d’une stupeur éperdue.
Avant que l’âme ne devienne ainsi, il ne dévoile pas son visage.
Toute chose que tu aperçois, tu la vois sans en prendre conscience ;
Tant que tu es conscient, en vérité, Il ne se montre pas,
Tu ne participes pas à son souffle, et l’âme n’est pas son amie intime.
Une pensée consciente, elle non plus, n’est pas digne.
Le corps a tissé un voile, l’âme l’a emporté et brûlé,
Car avec ces deux adversaires le coeur ne peut approcher de l’amour.
Tant que deux armées étrangères se trouvent dans cette demeure,
La lutte et le combat ne donnent naissance qu’à la poussière.
Veux-tu sauver ta vie ? Enfuis-toi auprès du sultan.
Si tu bénéficies de l’antidote, le poison ne t’atteindra pas.
A l’ombre de son ombre, goûte la félicité qu’il dispense,
Afin que l’âme remplie de miséricorde se repose jusqu’à la Résurrection.
Quand les yeux deviendront voyants, grâce à ce Roi, Salâh-od-Din,
Le coeur ira vers la rectitude, l’âme se procurera un flambeau.
Podcast et intermède musical: Veux-tu sauver ta vie?