Parmi les thèmes de l’enseignement de Rûmî, se trouve l’importance de se libérer de la tentation du libre arbitre et des croyances que seuls, (par nous-mêmes) nous pouvons tout, surtout éviter les décrets divins et les épreuves par trop difficiles ou pénibles pour notre égo! Nous trouvons dans le Mathnawî VI, 210, une prière cherchant refuge en Dieu contre la tentation du libre arbitre et des choses qui y contribuent. En voici quelques extraits:
C’est de Toi que vinrent d’abord ce flux et ce reflux en moi-même; autrement, ô Dieu glorieux, cette mer mienne aurait été immobile.
De la même source d’où Tu m’as donné cette perplexité, fais-moi la grâce de me rendre de même sans perplexité.
Tu m’affliges. Ah! aide-moi, ô Toi qui rends par l’affliction les hommes faibles comme des femmes.
Combien de temps durera cette peine?Ne m’afflige pas, ô Seigneur! Accorde-moi un sentier, ne me fais pas suivre dix sentiers.
Je suis comme un chameau amaigri et mon dos est blessé par mon libre arbitre qui ressemble à un bât.
A un moment, ce panier pèse lourdement de ce côté-ci, à un autre moment, ce panier-là pend de l’autre côté.
Fais que cette charge mal équilibrée tombe de moi, que je puisse contempler la prairie des pieux.
Alors comme les Compagnons de la Caverne, je me nourrirai dans le verger de la générosité – « pas éveillés, non ils dormaient » (Coran XVIII, 18)
Je me coucherai sur le côté droit ou gauche; je ne roulerai pas involontairement comme une balle.
De même que Toi, ô Seigneur du Jugement, tu me tournes vers la droite ou vers la gauche,
Des centaines de millions d’années, je volais involontairement, comme les atomes dans l’air.
Si j’ai oublié ce temps et cet état, cependant le voyage durant le sommeil le rappelle à ma mémoire.
(Chaque nuit) j’échappe à cette croix à quatre branches, et m’enfuis loin de cette étape (resserrée) dans le vaste pâturage de l’esprit.
Du sommeil, cette nourrice, je tête le lait de mes jours passés, ô Seigneur.
Tous les hommes du monde s’enfuient loin de leur libre arbitre et de leur existence personnelle vers leur côté inconscient.
Afin que pour un temps ils puissent être délivrés de la conscience, ils s’infligent à eux-mêmes l’opprobre du vin et des stupéfiants.
Tous savent que cette existence-ci est un leurre, que la pensée et la mémoire conscientes sont un enfer.
Ils s’enfuient loin de l’égoïté dans l’absence de soi, ou bien au moyen de l’ivresse, ou bien au moyen d’une occupation, ô homme bien guidé.
Toi ô Dieu, tu fais revenir l’âme de cet état de non-existence, parce qu’elle a pénétré dans l’inconscience sans Ton ordre.
[…]Il n’y a pas d’admission dans la salle d’audience de la Majesté divine pour quiconque, s’il n’est mort à lui-même.
Quel est le moyen de l’ascension vers le ciel? Cette non-existence. La non-existence est la foi et la religion des amoureux (de Dieu).
Musique d’accompagnement
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