Je suis comme un soupir

Comment apaiser la douleur de la séparation ressentie au plus profond de l’âme, si ce n’est en se souvenant le la force d’amour de Dieu. Si ce n’est en écoutant dans le silence, les douces paroles qu’Il chuchote à l’amoureux.
Je suis comme un soupir ; avec mes soupirs, je brûle la plaine et la tente, est-il dit dans l’ode No 60 que je vous partage aujourd’hui :

O lumière du visage de Moîse ! Ne rends pas aveugle Safûrâ !
Toi qui as mis comme éclair la lumière d’un tel amour dans l’oeil du voyant.
Je me soumets à toi, j’accepte d’être la proie dans ton filet.
Parfois je suis sur ton toit, parfois je choisis la route du désert.
Que sait le piège des ruses de l’oiseau exilé ?
Que sait Joseph l’Egyptien de la douleur de Zuleikhâ ?
Saisis par le collet et amène ici celui que tu désires,
Car je suis le gibier, et tu es le chasseur. O ami ! comme ton art est secret !
Je suis en ruines, comme la ville de Lot ; je suis désemparé, comme les regards de Lot.
Je veux en demander la cause, mais n’en n’ai ni le courage, ni la force.
Si ‘Attâr était amoureux, si Sanâ’i était roi et souverain,
Moi, je ne suis ni l’un ni l’autre ; je suis totalement égaré.
Je suis comme le soupir ; avec mes soupirs je brûle la plaine et la tente.
Je ne suis que le serviteur du Roi aux douces paroles : mon oreille les écoute.
Silence ! Dans le silence, l’âme comme un cri attire Dieu,
Lorsqu’elle est capable de recevoir les influences du monde d’en-haut.

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La parole de l’Unité

Une fois encore, Rûmî nous rappelle que tout est UN. Que rien n’est séparé de Lui, Dieu.
Que tout provient de Lui et que tout retournera à Lui, l’heure venue. Il nous rappelle que sous les traits de la multiplicité, se cache l’Unique ! Savons-nous seulement reconnaître la parole de l’Unité dans notre quotidien ? Dans ce qui nous semble être des expériences multiples et différentes ? Sommes-nous seulement conscients que le silence vaut mieux que de vaines paroles dépourvues d’Amour et responsables de tant de difficultés ?
Voici ce que nous dit l’ode No 639

Cet ami à la tunique rouge qui vint l’an dernier, éclatant comme la lune,
Cette année-ci est venu revêtu d’un froc gris.
Ce Turc que tu avais vu alors se livrer au pillage,
C’est le même qui est venu cette année, sous les traits d’un Arabe.
L’ami est le même, bien que son vêtement ait changé :
Il a ôté son autre vêtement, et puis il est revenu.
Ce vin est le même, bien que le flacon soit nouveau :
Vois comme il est venu apporter le plaisir à ceux qui sont ivres !
O hommes ! vous pensiez que ces flambeaux étaient morts :
Ce flambeau est sorti de la demeure du secret.
Ce que je dis, ce n’est pas la métempsychose, c’est la parole de l’Unité pure,
Venue du bouillonnement des vagues de l’océan profond.
Une goutte fut séparée de cet océan inséparable.
Car Adam fut créé d’argile de poterie.
Le Byzantin s’est caché le visage quand est venu le temps des Abyssins ;
Il est revenu aujourd’hui au sein de cette puissante armée.
Si le soleil se voile au crépuscule, il n’est pas anéanti.
Cette lune éclatante est apparue dans une des maisons du Zodiaque.
Renonce aux paroles, contemple le miroir de la réalité,
Car hésitations et difficultés proviennent des paroles.

Podcast : La parole de l’Unité

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Soi silencieux

  1. Shemsi Husser 3:15

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Apprends l’art du silence

  1. Shemsi Husser 3:19

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O silence!

Superbe poème de Rûmî extrait des Odes mystiques (No 38.)

J’ai échappé à cette concupiscence et à ce désir; qu’on soit vivant ou mort, c’est un fléau.
Vivant ou mort, ma patrie n’est que la grâce de Dieu.
J’ai échappé à cette poésie et à ces ghazals, ô Roi et Sultan de l’éternité.
O silence, tu es ce qu’il y a de plus précieux au centre de moi-même,
Tu es le voile de toute suavité en moi.
Fais moins étalage de ta science, fais silence, car dans le silence il n’est ni crainte ni espoir.
Pour le village détruit, abandonné et déserté, il n’est point de dîme ni de taxe de la terre.
Je suis ivre et détruit, ne cherche en mes paroles ni valeur ni erreur:
Avant qu’Il ne me détruise, comment me donnerait-Il ce trésor?
Avant qu’Il ne me jette dans les flots, comment l’océan de la libéralité m’emporterait-il?
L’homme des discours, que sait-il de la douceur du silence?
Le coeur aride, que connaît-il de la fraîcheur fluide?
Je suis le miroir, je suis le miroir, je ne suis pas l’homme des discours.
Vous pourrez voir mon état spirituel quand vos oreilles seront devenues regard.
J’agite mes mains comme les feuilles de l’arbre, et je tourbillonne en dansant comme la lune;
Cette rotation a un aspect terrestre, mais elle est plus pure que celle des sphères célestes.
O initié qui tiens des discours, parle, que je prie Dieu pour toi,
Quand je serai gai et ivre, chaque matin, au moment de la prière.
Mon froc et ma tunique,  je ne te les refuse pas;
Ce qui m’arrive du Sultan, partageons-le par moitié.
Par la main du Sultan m’arrivent la coupe et l’amphore du vin éternel:
La source du soleil en mendie une gorgée.
Je suis silencieux, mon gosier est infirme, ô initié qui tiens des discours, parle, toi,
Car tu es la voix de David, et je suis comme un fétu de paille envolé.

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