Le miroir du coeur

Seuls les yeux purifiés perçoivent l’immanence de Dieu. C’est ce que nous dit Rûmî en ces mots : Si tu bois, assoiffé, de l’eau dans une coupe, c’est Dieu que tu contemples au sein de l’eau. Celui qui n’est pas un amoureux de Dieu ne voit dans l’eau que sa propre image. » Seul le coeur poli par l’ascèse est susceptible de devenir ce miroir sans tache où se reflètera le Divin.
La première qualité requise d’un miroir est la fidélité et pour que l’image soit exactement reflétée il faut que sa surface soit claire! « La réalité divine des choses peut se manifester d’une manière claire à condition que le miroir du coeur ne soit pas souillé par les impuretés de ce monde » nous dit Ghazâlî. La netteté du miroir symbolise l’intégrité morale.
Nous trouvons dans le premier Livre du Mathnawî l’histoire des Chinois et des Byzantins.
Les Chinois disaient: « Nous sommes les meilleurs artistes. »
Les Byzantins, eux, disaient: « C’est à nous qu’appartiennent le pouvoir et la perfection. » Le Sultan décida de les mettre à l’épreuve. Il accorda une salle à chacun d’eux. Les salles se faisaient face, séparées par une porte. Les Chinois s’installèrent dans l’une d’elles, les Byzantins dans l’autre. Les Chinois demandèrent au roi de leur attribuer cent couleurs. Ni teinte ni couleur pour nous déclarèrent les Byzantins, nous devons retirer la rouille. Et chacun se mit au travail. Les uns peignant, les autres polissant les murs jusqu’à les rendre purs et clairs. Lorsque les Chinois eurent terminé leur oeuvre, le Sultan vint l’admirer. Ce qu’il vit ravit son coeur. Puis il se rendit dans la salle des Byzantins, et lorsque les portes furent ouvertes, l’oeuvre d’art des Chinois vint se refléter sur les murs polis, tel un miroir, rendant l’oeuvre plus magnifique et étincelante. Cela ravissait le regard !
Les Byzantins sont ceux qui ont poli leurs poitrines et les ont purifiées du désir, le la cupidité, de l’avarice, des haines… C’est cela le miroir du coeur ! Un coeur qui reçoit d’innombrables images, un miroir sans limites !
L’effet de corruption sur le coeur est comparé à la lente accumulation de la rouille sur le métal, l’ascèse est comparée au polissage.
Ceux qui ont poli leur coeur contemplent sans cesse la Beauté à chaque instant.

L’intermède musical est de Kemal Faruk   Podcast : le miroir du coeur

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