J’aime l’enseignement de Rûmî parce qu’il est simple et imagé. Tout son enseignement est basé sur des histoires qu’il raconte pour illustrer et rendre tangible à notre esprit rationnel ce qui à priori, ne l’est pas. Pour lire Rûmî aujourd’hui et tirer le meilleur de ses enseignements, il est important de pouvoir mettre de côté votre compréhension purement rationnelle et de vous ouvrir en vos coeurs pour recevoir les métaphores données comme des empreintes qui peu à peu prendront consistance et sens! Ce qui est déroutant, c’est que parfois il emploie une métaphore dans une histoire pour nous éveiller à quelque chose et que dans une autre, il emploie la même métaphore pour nous inviter à une autre compréhension. Il est donc de mise de ne pas chercher les comparaisons entre les histoires, et de rester dans l’instant présent à chaque histoire, de s’y ouvrir le plus simplement possible. Comme les mots s’écrivent sur une page vierge, de même, il est bon de laisser s’imprimer en vos coeurs les compréhensions cachées. Elle deviendront explicites pour autant que vous vous y plongiez régulièrement et que vous vous laissiez « modeler », transformer; que vous acceptiez la base de son enseignement : mourir avant de mourir! Mourir à soi-même, avant de mourir à ce monde!
Tant que demeure en toi quelque chose de ton existence
Ne sois pas en repos, car l’idolâtrie demeure
Supposons que tu aies brisé les idoles de ton esprit:
Cette idole dont tu as cru ton esprit libéré pourtant demeure. (Rubâi’yât)
Le Maître citait des histoires de karâmât (prodiges). Il disait: « Si quelqu’un va d’ici à la Ka’ba en une journée ou en un instant, ce n’est ni étonnant ni un progide. Le simoun le fait aussi, il peut en un jour ou en un instant aller n’importe où. Le prodige est ce qui te transporte d’un état inférieur à un état supérieur et te fait voyager d’ici à là, de l’ignorance vers l’intelligence, de l’état inanimé à la vie. »(Le Livre du Dedans ch, 26)