Quand les yeux deviendront voyants

Avec l’ode No 596 Rûmî nous fait une confidence quant à la Beauté de l’âme. Il nous révèle que tant que nous ne nous annihilons pas totalement en Dieu, Il ne nous dévoile pas son visage. Quand les yeux deviendront voyants, dit-il, le coeur ira vers la rectitude.
A l’ombre de Son ombre, goûte la félicité qu’Il dispense.

Une fois encore, nous avons une merveille à méditer et à découvrir.

Cette beauté que son éclat même dérobe aux yeux
Rend l’âme féconde par le goût de son amour.
La raison, par nostalgie de son parfum, de la lumière de son visage,
Rit, émerveillée, et pourtant se mord les mains.
A chaque aube, son passage me remplit d’une stupeur éperdue.
Avant que l’âme ne devienne ainsi, Il ne dévoile pas son visage.
Toute chose que tu aperçois, tu la vois sans en prendre conscience ;
Tant que tu es conscient, en vérité, Il ne se montre pas,
Tu ne participe pas à son souffle, et l’âme n’est pas son amie intime.
Une pensée consciente, elle non plus, n’est pas digne.
Le corps a tissé un voile, l’âme l’a emporté et brûlé,
Car avec ces deux adversaires le coeur ne peut approcher de l’amour.
Tant que deux armées étrangères se trouvent dans cette demeure,
La lutte et le combat ne donnent naissance qu’à la poussière.
Veux-tu sauver ta vie ? Enfuis-toi auprès du sultan.
Si tu bénéficie de l’antidote, le poison ne t’atteindra pas.
A l’ombre de son ombre, goûte la félicité qu’il dispense,
Afin que l’âme remplie de miséricorde se repose jusqu’à la Résurrection.
Quand les yeux deviendront voyants, grâce à ce Roi, Salâh-ud-Dîn,
Le coeur ira vers la rectitude, l’âme se procurera un flambeau.

Podcast et intermède musical: Quand les yeux deviendront voyants

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Le coeur est un jardin secret

A travers ces quelques Quatrains, nous sommes invités à pénétrer dans les méandres du coeur et y découvrir ses mystères. Le coeur est un jardin secret où se cachent des arbres, nous dit Rûmî, il manifeste cent formes, mais il n’a qu’une seule forme.
Le coeur est pareil à l’eau pure et limpide, osons regarder s’y refléter la lune !

O brise du matin, apporte-nous un message :
As-tu vu dans le chemin ce coeur plein de feu,
As-tu vu ce coeur embrasé et rempli de passion
Qui a incendié cent rochers de sa flamme ?

O mon âme, il est un passage entre ton coeur et le mien,
Ayant trouvé la porte, mon coeur connaît l’éveil.
Mon coeur est pareil à l’eau pure et limpide :
Dans le miroir de l’eau claire se reflète la lune.

On me dit : « Le coeur nourrit une autre passion
Il s’est éloigné de nous, il désire un autre lieu. »
Quand il est revenu, s’excusant, je l’enmtendis murmurer
Qu’il préparait pour moi, là-bas, une autre nourriture.

Le coeur est un jardin secret où se cachent des arbres
Il manifeste cent formes, mais il n’a qu’une seule forme.
C’est un océan immense, sans limite et sans rives
Cent vagues s’y brisent : Les vagues de chaque âme.

Parler de toi me rend silencieux
La douceur de tes actes me rend inactif
J’ai couru de ta cage à la demeure du coeur
Le coeur est devenu cage, et m’a rendu ton captif.

La fumée de notre coeur est le signe de notre passion, ô mon coeur !
Cette fumée qui émane du coeur est visible,
Chaque vague qui passe dans le coeur est du sang
Ce n’est pas un coeur, serait-ce un océan, ô mon coeur ?

Podcast et intermède musical: Le coeur est un jardin secret

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Quelle est la Voie

Alors que partout le déconfinement se met en place avec une certaine prudence, certes, mais progresse, espérant la reprise des affaires, du tourisme, des rencontres, une question traverse mon esprit : Pourquoi tant de frénésie à vouloir retourner à ce qui était avant ?
Quelle est la Voie qui nous invite aujourd’hui après ces mois de « mise en pause » du système économique ?
La réponse que je vous propose est celle contenue dans l’ode No 374 de Rûmî qui mérite méditation.

Quelqu’un demanda : »Quelle est la Voie ? »
Je dis : « La Voie, c’est renoncer aux désirs ».
O toi, amoureux de Dieu ! Sache que ta voie
Consiste dans la recherche du consentement de  ce Maître.
Puisque tu recherches le désir et la volonté de l’Ami,
La recherche de ton propre désir est pour toi illicite.
L’âme est devenue tout entière amour de l’Aimé,
Cet amour est un monastère sublime.
L’amour pour Lui n’est pas plus aisé à atteindre que la cime des monts.
Le faîte de la montagne, pour nous, c’est l’accomplissement.
La grotte où se cache l’Ami, c’est l’Amour.
L’harmonie de l’âme est l’oeuvre de Sa beauté ;
Toutes les choses que te donne la pureté sont licites.
Il ne m’appartient pas de te préciser lesquelles :
Garde le silence et suis le Maître (le Pîr) de l’amour :
Lui seul est ton guide dans ce monde et dans l’autre.

Podcast et intermède musical: Qu’elle est la Voie ?

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Les amoureux

C’est l’ode No 972 que j’ai choisi de vous partager aujourd’hui, parce qu’il parle de la mort en apparence… Rûmî nous relate ici la manière dont les amoureux meurent à cette vie pour naître à la Réalité du Bien-Aimé. Les amoureux meurent avec la pleine conscience de mourir* nous dit-il, comme il nous dit aussi : « Les amoureux ouvrent les yeux qui voient l’invisible »
Il nous interpelle indirectement à travers cet ode : « Et vous, êtes-vous un amoureux ? Vous envolerez-vous vers le firmament ou mourrez-vous aveugle et sourd ? »
Il n’est jamais trop tard pour s’interroger sur le lien que l’on désire entretenir avec le Bien-Aimé.
Voici cet Ode

Les amoureux meurent avec la pleine conscience de mourir,
Mais c’est devant un Bien-Aimé plein de douceur qu’ils meurent.
Ils ont bu, au jour prééternel, l’Eau de la Vie ;
Il est inéluctable qu’ils meurent d’une autre manière.
Puisqu’ils font partie de la cohorte des amants,
Ils ne quittent pas la vie comme les gens ordinaires.
Ils surpassent la dignité des anges par la grâce,
Puisse-t-il ne pas leur arriver de mourir comme des humains !
Crois-tu donc que les lions meurent comme des chiens hors de la maison ?
Le Roi de l’âme court à leur rencontre,
Quand les amoureux meurent pendant le voyage.
Tous rayonnent comme le soleil s’ils meurent aux pieds de cette lune.
Les amoureux qui sont l’âme l’un de l’autre
Meurent tous par amour l’un de l’autre.
L’amour rafraichit leur coeur embrasé,
Et pourtant ils meurent de la brûlure de ce coeur.
Tous sont pareils à la perle solitaire ;
Ils meurent comme des orphelins, sans leur père et sans leur mère.
C’est vers le firmament que s’envolent les amoureux,
Les négateurs meurent dans les profondeurs de l’enfer.
Les amoureux ouvrent les yeux qui voient l’invisible,
Mais les autres hommes meurent aveugles et sourds.
Ceux qui ne dormaient pas, la nuit, par crainte de Dieu,
Meurent tous sans danger et sans crainte.
Ceux qui ici-bas adoraient de l’herbe,
Semblables à des vaches, meurent comme des animaux.
Ceux qui aujourd’hui cherchent ce Regard
Meurent sous ce Regard plein de joie et de rires.
Le Roi les place du côté de la grâce ;
Ils ne meurent pas humbles et méprisés.
Ceux qui cherchent à acquérir les qualités du Prophète
Meurent pareils à Abû-Bakr et à ‘Omar.
Puissent-ils être loin de l’anéantissement de la mort !
Mais si je dis qu’ils meurent, ce n’est qu’une forme de langage.

Podcast et intermède musical: Les amoureux

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Comment la créature saurait-elle ce dont elle est capable

Comment la créature saurait-elle ce dont elle est capable si elle n’était pas mise à l’épreuve ? Nous en faisons tous l’expérience en ce moment. La crise sanitaire qui touche tous les continents, tous les peuples, invite chacun à se remettre en question, chacun à méditer sur son mode de fonctionnement, ses croyances, ses priorités, ses peurs, ses valeurs….Seule une mise à l’épreuve si profonde peut révéler à l’être ce dont il est capable.
Pour alimenter votre méditation, voici quelques quatrains tirés du Rûbâi’yât de Rûmî

Sans moi, des paroles sortent de mes lèvres.
Je suis sans nouvelles de celui qui parle :
Le poison et le sucre sont ce que je désre :
Comment la créature saurait-elle ce dont elle est cap
able ?

Il faut avoir un état particulier au tréfonds de l’âme
Ecouter des histoires ne suffit pas à résoudre ce problème
Un ruisseau d’eau à l’intérieur de la maison,
Vaut mieux que le fleuve qui coule au-dehors.

O mon bien-aimé, par Dieu, tu es l’âme de mon âme
Quand te parviendra mon message, tu le liras.
Ne le déchire pas d’étonnement
Car tu connais l’état de mon coeur bouleversé.

O toi qui as échangé contre du pain la perle de ta foi,
Toi qui as donné une mine d’or contre une graine sans valeur,
Comme Nemrod n’a pas offert son coeur à Abraham
Finalement il a dû sacrifier sa vie à un moucheron.

Si tu lis une seule page de notre livre,
Tu deviendras émerveillé : et quel émerveillement !
Si tu assistes un seul instant à la leçon du coeur,
Tu peux attirer les maîtres vers ton propre enseignement.

Podcast et intermède musical: Comment la créature saurait-elle ce dont elle est capable

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