L’oeil qui voit Dieu

En pénétrant les vers de l’ode mystique No 81, nous sommes invités à renoncer à notre identité. Celle par laquelle nous sommes connus des autres, cette identité éphémère qui nous caractérise dans ce monde-ci, pour entrer dans l’Identité divine : Celle qui nous anime. Celle qui fait que nous sommes vivants ici-bas ! L’identité qui nous permet de regarder par l’oeil qui voit Dieu ! Oui, tant que nous ne pourrons pas renoncer à cette identité éphémère, nous ne pourrons goûter le vin de l’amphore de la Vie Eternelle, le vin qui enivre l’oeil qui voit Dieu !
C’est à cette réflexion que nous invite Rûmî ici, c’est à cette communion que nous sommes attendus aujourd’hui.

O échanson de l’âme, remplis cette coupe éternelle
Cette coupe qui ravit le coeur, cette coupe qui dérobe notre foi,
De ce vin qui jaillit du coeur et qui est tout mêlé d’âme,
De ce vin dont le bouillonnement enivre l’oeil qui voit Dieu !
Ce vin de raisin est pour les disciples de Jésus,
Ce vin de Mansûr est pour les disciples de Yâ-Sîn :
Il y a des amphores de ce vin-ci et des amphores de ce vin-là.
Avant que tu ne brises cette amphore-ci, tu ne goûteras jamais ce vin-là.
Ce vin-ci ne rend que pour un instant le coeur sans chagrin,
Mais il n’anéantit jamais la douleur, il n’arrache jamais la haine.
Une goutte de ce vin-là rend ton oeuvre pareille à l’or :
Que mon âme soit sacrifiée à cette coupe d’or pur !
Si cet état d’âme existe, souvent c’est à l’aube ;
Il fait abandonner la couche et le repos.
Prends garde qu’un mauvais compagnon ne te trompe avec ses tentations ;
Ne va pas, par lâcheté, briser le pacte des sultans !
Si tu reçois une blessure à la face, va-t-en chercher une blessure nouvelle.
Sur le champ de bataille, que servirait à Rostam un bouquet de jacinthes et de roses ?

Podcast et intermède musical: L’oeil qui voit Dieu

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Pourquoi n’irais-je pas à ma propre patrie ?

Combien de temps perdons-nous à nous occuper de futilités, de ce que font ou pensent les autres au détriment de ce que notre coeur a besoin ? Une fois encore à travers cet Ode, Rûmî nous interpelle sur nos actions, sur les priorités que nous servons.
Nous sommes ici interrogés sur les distractions que nous prenons pour ne pas retrouver notre propre patrie ! « Tu es les attributs de Dieu » nous est-il dit dans ces vers…
« Où suis-je donc, moi ? » « Pourquoi n’irais-je pas à ma propre patrie ? ».
Pourquoi, pourquoi ? A quoi bon tant de soucis ? Pourquoi être attentif à ce qui nous garde loin de notre patrie ? loin de l’Amour divin ?

Ode 215

Où suis-je donc, moi ? A quoi bon les chagrins et les joies de ce monde ?
Où suis-je donc, moi, à quoi bon les soucis pour la pluie, pour l’eau qui coule des toits ?
Pourquoi n’irais-je pas à ma propre patrie ?
Que sert au coeur de contempler ce monde fait de poussière ?
Puisque je n’ai pas d’âne et ne suis pas ânier, ô mon âme,
Qu’ai-je à me soucier de la selle de l’âne, du transport de l’engrais ?
Tu es vieux de mille ans par la raison, l’imagination, la pensée !
Que t’importent les ennuis causés par les gens à l’esprit mauvais ?
Tu es l’oiseau à quatre ailes pour voler dans le ciel :
A quoi te servira l’échelle qui mène à la terrasse ?
Personne ne te prend pour une chèvre, et tu ne considères personne comme telle :
Pourquoi être attentif aux appels que pousse le berger ?
Mille cris arrivent de la voûte céleste :
Tu restes silencieux, et tu ne cherches pas d’où viennent ces cris ?
Puisqu’Adam fut exilé du Paradis à cause d’un serpent
Quelle sécurité trouverais-tu parmi les serpents et les scorpions ?
O mon coeur, ô mon coeur ! Reprends le fil de ton discours, et écoute ce dicton :
« Quel rapport y a-t-il entre le coq et l’âne ? »
Apporte le vin nouveau et verse-le à ceux qui sont mûrs.
Qu’y a-t-il de commun entre moi et ces gens frustes et vils ?
Entre dans la taverne et ferme de l’intérieur la porte :
Pourquoi t’occuper de ce que les autres ont de mal ou de bien ?
Ne crois pas que ta vie a une limite :
Tu es les attributs de Dieu, et Dieu n’a pas de limites ni de fin.
La mort brise la cage, mais ne blesse pas l’oiseau.
En quoi la mort concerne-t-elle les plumes de l’oiseau éternel ?
Garde le silence. Tu as longtemps parlé, et personne n’entendit
De quelle terrasse arrivait le son de ce tambour, et d’où venait ce discours.

Podcast et intermède musical: Pourquoi n’irais-je pas à ma propre patrie ?

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La parole de l’Unité

Une fois encore, Rûmî nous rappelle que tout est UN. Que rien n’est séparé de Lui, Dieu.
Que tout provient de Lui et que tout retournera à Lui, l’heure venue. Il nous rappelle que sous les traits de la multiplicité, se cache l’Unique ! Savons-nous seulement reconnaître la parole de l’Unité dans notre quotidien ? Dans ce qui nous semble être des expériences multiples et différentes ? Sommes-nous seulement conscients que le silence vaut mieux que de vaines paroles dépourvues d’Amour et responsables de tant de difficultés ?
Voici ce que nous dit l’ode No 639

Cet ami à la tunique rouge qui vint l’an dernier, éclatant comme la lune,
Cette année-ci est venu revêtu d’un froc gris.
Ce Turc que tu avais vu alors se livrer au pillage,
C’est le même qui est venu cette année, sous les traits d’un Arabe.
L’ami est le même, bien que son vêtement ait changé :
Il a ôté son autre vêtement, et puis il est revenu.
Ce vin est le même, bien que le flacon soit nouveau :
Vois comme il est venu apporter le plaisir à ceux qui sont ivres !
O hommes ! vous pensiez que ces flambeaux étaient morts :
Ce flambeau est sorti de la demeure du secret.
Ce que je dis, ce n’est pas la métempsychose, c’est la parole de l’Unité pure,
Venue du bouillonnement des vagues de l’océan profond.
Une goutte fut séparée de cet océan inséparable.
Car Adam fut créé d’argile de poterie.
Le Byzantin s’est caché le visage quand est venu le temps des Abyssins ;
Il est revenu aujourd’hui au sein de cette puissante armée.
Si le soleil se voile au crépuscule, il n’est pas anéanti.
Cette lune éclatante est apparue dans une des maisons du Zodiaque.
Renonce aux paroles, contemple le miroir de la réalité,
Car hésitations et difficultés proviennent des paroles.

Podcast : La parole de l’Unité

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Sois silencieux.

C’est un extrait de l’Ode mystique No 931 que j’ai choisi aujourd’hui pour interroger et nourrir nos coeurs.. Il nous parle des générosités accordées par Dieu aux hommes et de l’invitation qui est faite à les reconnaître et à se prosterner. Quelle conscience avons-nous de tant de Grâces reçues ? Savons-nous seulement être silencieux et écouter ? Savons-nous seulement être fidèle à Son Amour ?

Celui qui est assoiffé se réjouit de tout ce que fait l’eau.
Il ne risque rien de plus que de mourir d’hydropisie ;
Son coeur et son âme deviennent alors amoureux du porteur d’eau.
Si le vent matinal brise une ou deux branches du jardin,
Tout ce qui fleurit dans le jardin ne provient-il pas de ce souffle du matin ?
Puisque tu as bu le vin de l’amour, entend l’invitation au festin
De la part d’un bienheureux dont le coeur porte l’empreinte des prophètes.
Le sol a fermé la bouche durant trois mois : qui sait
Quelles choses la terre recèle en son sein ?
Le printemps pour toi fait surgir de la terre la canne à sucre
Hors d’un sol qui ne fait croître que des graines et des herbes.
Pourquoi ne te courbes-tu pas, comme la lettre D de Do’â,
Devant Celui dont la générosité est la Qibla vers laquelle s’oriente ta prière ?
Puisque tu t’es détourné du soleil, il n’y a point pour toi d’oraison,
Car tu as devant toi et comme guide ta propre ombre.
Sois silencieux. Entends la parole : « Celui qui se tait se sauve. »
Si le permet l’adversaire qui incite aux paroles.

Podcast et intermède musical: Sois silencieux

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Les épreuves ont été créées par Dieu

Ode mystique No 930, merveille d’invitation à nous interroger sur notre fidélité à Dieu. Qu’en est-il, dans notre coeur du souvenir de Dieu ? Qu’en est-il du regard posé sur les épreuves créées par Dieu à notre encontre  ? Qu’en est-il de la sincérité de nos coeur à dire OUI à Dieu ?

Qu’actions de grâces soient rendues ! Car Il a défait nos liens.
Quand nous nous sommes préparés à rendre grâces, Il a résolu nos difficultés.
Le ciel est bouleversé par ma prière et ma lamentation ;
Le ciel, lui aussi s’est mis à prier.
Tant que notre coeur s’est consumé à chercher la fidélité,
Par honte de nous, la fidélité s’est voilé la face.
Nous sommes comme le cuir sous les rayons de Canope partout où Il se manifeste ;
Nous sommes prosternés devant la source de l’amour partout où elle jaillit.
Derrière la porte du coeur, se trouvent mille portes secrètes :
Dieu les avait fermées ; le serviteur de Dieu les a ouvertes.
Dans cette maison aux deux luminaires, la lune et le soleil,
Dieu, du côté du coeur, a ouvert la porte de la maison.
Dieu a dit : « Ne suis-je pas votre Seigneur » ? Les âmes on répondu : « Oui ».
Les épreuves ont été créées par Dieu comme critère de la sincérité de ce « Oui » .

Podcast et intermède musical. Les épreuves ont été créées par Dieu

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