Avec nous

L’Ode mystique No 74 est une invitation que nous fait Rûmî pour entrer dans la Danse Cosmique. Invitation à entrer dans l’oubli de l’attachement au monde d’ici-bas et dans l’oubli de soi pour enfin pouvoir trouver, dans le dénuement, l’Union divine. Invitation à ouvrir les yeux du coeur et de l’âme à la Réalité du Bien-Aimé, à la Puissance d’Amour de Dieu !

Si tu n’es pas chercheur, tu chercheras avec nous.
Si tu n’es pas ménestrel, tu chanteras avec nous.
Si tu es Qârûn, dans l’amour tu deviendras misérable.
Si tu es Seigneur, tu deviendras esclave.
Un seul flambeau de cette assemblée allume cent flambeaux.
Si tu es mort ou vivant, tu ressusciteras avec nous.
Tes pieds seront libérés d’entraves, tout brillera à tes yeux
Afin que tout ton être soit épanoui comme la rose, avec nous.
Revêts un instant de pauvres habits, pour voir les gens au coeur vivant :

Rejette la soie, et vêts-toi de bure, avec nous.
Quand la graine est semée, elle pousse et devient un arbre.
Si tu comprends ce secret, tu seras abaissé avec nous.
Shams-ul-Haqq de Tabriz dit au bourgeon du coeur :
« Quand ton oeil s’ouvrira, tu seras voyant avec nous. »

L’intermède musical est de La cérémonie des Mevlevî   Podcast : Avec nous

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Le Sama, danse tournante, danse cosmique

Tous les atomes, dans l’air et le désert, sache-le bien, sont tels des insensés,
Chaque atome, heureux ou misérable, est épris du Soleil sans qualifications. (Rubâi’yât)

Le Sama, danse tournante, danse cosmique des derviches est le pilier principal de l’enseignement de Rûmî. Cet oratorio spirituel comporte un sens symbolique.
Il a pour but d’ouvrir la porte du coeur, de polir le coeur de ses scories que sont l’orgueil, la cupidité, la haine, la colère, l’envie, le désir, l’avarice.
N’est-ce pas par le souvenir (dhikr) de Dieu que les coeurs se reposent en sécurité? (Coran, XIII, 28)
« Dans les cadences de la musique, est caché un secret; si je le révélais, il bouleverserait le monde »
disait Rûmî. Lorsque au son de la flûte de roseau (Ney) les derviches s’élancent en tourbillonnant, c’est la ronde vertigineuse des planètes et de tout ce qui se meut dans la nature, qu’ils symbolisent. Leur robe blanche symbolise le linceul, le manteau noir symbolise la tombe et la toque de feutre, la pierre tombale. Le sheikh représente l’intermédiaire entre le ciel et la terre. Les trois tours qu’ils effectuent avant d’entrer dans la danse, représentent les étapes qui rapprochent de Dieu: la voie de la science, celle qui mène à la vision et celle qui conduit à l’union. Après ces tours, ils sollicitent la permission de danser, puis se mettent à tourner lentement, la main droite ouverte vers le ciel pour y recueillir la grâce, la main gauche tournée vers la terre pour y répandre cette grâce qui a traversé le coeur. Le tour qu’ils effectuent autour de la salle représente la loi de l’univers, les planètes tournant autour du soleil et d’elles-mêmes. Le cercle des danseurs est divisé en deux parties, l’une représente l’arc de descente des âmes dans la matière, l’autre, la remontée des âmes vers Dieu. Lorsque le sheikh entre dans la danse, à la quatrième partie, il représente le soleil et son rayonnement. Quand il revient à sa place, le Sama s’arrête et le chanteur psalmodie le Coran, puis viennent les derniers saluts et l’évocation de Dieu : « Hû » (Lui).
Partout où tu te tournes, là est la Face de Dieu (Coran II, 115).

J’entends la chanson du rossignol enivré,
J’entends un Sama merveilleux dans le vent,

Dans l’eau, je ne vois que l’image du Bien-Aimé,
Et dans les fleurs, je ne sens que son parfum. (Rubâi’yât)

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