J’entends et j’obéis

Avec l’ode No 17 Rûmî nous fait part de l’appel du Bien-Aimé qui nous invite à ne pas rester égarés, prisonniers de l’éphémère !
« J‘entends et j’obéis » dis l’âme, « Où m’appelles-tu enfin ? »

Du ciel un appel est venu pour l’âme : « Reviens ».
L’âme a répondu : « O toi qui m’appelles, bienvenue, louanges, salut !
J’entends et j’obéis, ô voix ! A chaque instant, je te sacrifie deux cents vies.
Appelle-moi de nouveau, que je m’envole sur « hâl atâ »
O notre hôte merveilleux ! Tu as enlevé à notre vie la quiétude.
Où m’appelles-tu enfin ? » – Il répondit : « Hors de la vie et de l’espace.
J’enlève les lourdes chaînes des pieds de ces prisonniers.
Je pose sur le firmament une échelle, afin que l’âme monte vers les hauteurs.
Tu es la vie qui donne la vie, pourtant, tu es de la même ville que nous,
Et tu te contentes d’être exilé : ce n’est pas conforme à la fidélité.
Il est devenu pour toi agréable d’être errant, tu as oublié ta maison.
Ce vieux sorcier impie t’a ensorcelé, par ruse, avec cent sortilèges.
Ces caravanes qui, l’une après l’autre, s’avancent vers l’étape.
Comment ne tournes-tu pas la tête vers elles, comment ton coeur ne brûle-t-il pas de désir ?
N’entend-il pas de toutes parts le cri du chamelier et le son des clochettes ? »
Nombreux sont les amis et les compagnons assis là à nous attendre :
Un monde est assis à nous attendre, et nous sommes ivres, gais, insouciants,
Tandis qu’il crie à nos oreilles : « O mendiants, venez chez le Roi ! »

Podcast et intermède musical: J’entends et j’obéis

Haut de page

Les épreuves ont été créées par Dieu

Ode mystique No 930, merveille d’invitation à nous interroger sur notre fidélité à Dieu. Qu’en est-il, dans notre coeur du souvenir de Dieu ? Qu’en est-il du regard posé sur les épreuves créées par Dieu à notre encontre  ? Qu’en est-il de la sincérité de nos coeur à dire OUI à Dieu ?

Qu’actions de grâces soient rendues ! Car Il a défait nos liens.
Quand nous nous sommes préparés à rendre grâces, Il a résolu nos difficultés.
Le ciel est bouleversé par ma prière et ma lamentation ;
Le ciel, lui aussi s’est mis à prier.
Tant que notre coeur s’est consumé à chercher la fidélité,
Par honte de nous, la fidélité s’est voilé la face.
Nous sommes comme le cuir sous les rayons de Canope partout où Il se manifeste ;
Nous sommes prosternés devant la source de l’amour partout où elle jaillit.
Derrière la porte du coeur, se trouvent mille portes secrètes :
Dieu les avait fermées ; le serviteur de Dieu les a ouvertes.
Dans cette maison aux deux luminaires, la lune et le soleil,
Dieu, du côté du coeur, a ouvert la porte de la maison.
Dieu a dit : « Ne suis-je pas votre Seigneur » ? Les âmes on répondu : « Oui ».
Les épreuves ont été créées par Dieu comme critère de la sincérité de ce « Oui » .

Podcast et intermède musical. Les épreuves ont été créées par Dieu

Haut de page

Fidélité

Pouvons-nous trouver ailleurs qu’en Dieu une fidélité absolue ? Pouvons-nous manifester, comme Lui, dans notre vie terrestre pareille fidélité ? Pouvons-nous nous souvenir de l’union d’avec Lui et lui rester fidèle ? Osons-nous, dans notre quotidien, Lui être soumis ? Qu’adviendra-t-il de nous si nous L’oublions sans cesse ? Saurons-nous retrouver le chemin qui nous conduit à Lui si nous nous égarons, distraits que nous sommes ?
Les quelques Quatrains que voici, tirés du Rubâi’Yât de Rûmî nous invitent à Le rejoindre et à nous rappeler l’importance de l’union avec Le Bien-Aimé !

Il n’est pas de créature qui ne soit sans l’espoir de ta grâce
Celui que tu as choisi est éternellement joyeux.
De quel atome ta grâce s’approche-t-elle un instant
Sans rendre cet atome meilleur que mille soleils ?

Je désire ces nuages de poussière qui viennent de ton air ;
Peut-être qu’arrivera à mes yeux la poussière de tes pas
Mon âme se réjouit et sourit de ton hostilité
Car de ton hostilité me vient le parfum de ta fidélité.

Quand nous rejetons de notre tête la couronne de l’égoïsme
Alors nous commençons à te servir
Nous avons beaucoup pleuré, et la séparation à ri
Maintenant, le moment est venu pour elle de pleurer, et pour nous de rire.

Nous sommes ceux qui sont contents sans or et sans richesses
Nous sommes tranquilles dans la douleur, et paisibles dans la peur
Jusqu’au dernier tour du firmament, nous sommes contents d’être soumis
Ne crois pas que nous soyons, comme toi, contents à demi.

Je suis heureux quand je suis triste
Alors que je suis détruis, je suis content
Quand je suis tranquille et silencieux comme la terre
Mon cri, comme le tonnerre, monte jusqu’au firmament.

Podcast et intermède musical: Fidélité

DVD sur Amazon

Haut de page

Le miroir du coeur

Seuls les yeux purifiés perçoivent l’immanence de Dieu. C’est ce que nous dit Rûmî en ces mots : Si tu bois, assoiffé, de l’eau dans une coupe, c’est Dieu que tu contemples au sein de l’eau. Celui qui n’est pas un amoureux de Dieu ne voit dans l’eau que sa propre image. » Seul le coeur poli par l’ascèse est susceptible de devenir ce miroir sans tache où se reflètera le Divin.
La première qualité requise d’un miroir est la fidélité et pour que l’image soit exactement reflétée il faut que sa surface soit claire! « La réalité divine des choses peut se manifester d’une manière claire à condition que le miroir du coeur ne soit pas souillé par les impuretés de ce monde » nous dit Ghazâlî. La netteté du miroir symbolise l’intégrité morale.
Nous trouvons dans le premier Livre du Mathnawî l’histoire des Chinois et des Byzantins.
Les Chinois disaient: « Nous sommes les meilleurs artistes. »
Les Byzantins, eux, disaient: « C’est à nous qu’appartiennent le pouvoir et la perfection. » Le Sultan décida de les mettre à l’épreuve. Il accorda une salle à chacun d’eux. Les salles se faisaient face, séparées par une porte. Les Chinois s’installèrent dans l’une d’elles, les Byzantins dans l’autre. Les Chinois demandèrent au roi de leur attribuer cent couleurs. Ni teinte ni couleur pour nous déclarèrent les Byzantins, nous devons retirer la rouille. Et chacun se mit au travail. Les uns peignant, les autres polissant les murs jusqu’à les rendre purs et clairs. Lorsque les Chinois eurent terminé leur oeuvre, le Sultan vint l’admirer. Ce qu’il vit ravit son coeur. Puis il se rendit dans la salle des Byzantins, et lorsque les portes furent ouvertes, l’oeuvre d’art des Chinois vint se refléter sur les murs polis, tel un miroir, rendant l’oeuvre plus magnifique et étincelante. Cela ravissait le regard !
Les Byzantins sont ceux qui ont poli leurs poitrines et les ont purifiées du désir, le la cupidité, de l’avarice, des haines… C’est cela le miroir du coeur ! Un coeur qui reçoit d’innombrables images, un miroir sans limites !
L’effet de corruption sur le coeur est comparé à la lente accumulation de la rouille sur le métal, l’ascèse est comparée au polissage.
Ceux qui ont poli leur coeur contemplent sans cesse la Beauté à chaque instant.

L’intermède musical est de Kemal Faruk   Podcast : le miroir du coeur

Haut de page