Pourquoi n’irais-je pas à ma propre patrie ?

Combien de temps perdons-nous à nous occuper de futilités, de ce que font ou pensent les autres au détriment de ce que notre coeur a besoin ? Une fois encore à travers cet Ode, Rûmî nous interpelle sur nos actions, sur les priorités que nous servons.
Nous sommes ici interrogés sur les distractions que nous prenons pour ne pas retrouver notre propre patrie ! « Tu es les attributs de Dieu » nous est-il dit dans ces vers…
« Où suis-je donc, moi ? » « Pourquoi n’irais-je pas à ma propre patrie ? ».
Pourquoi, pourquoi ? A quoi bon tant de soucis ? Pourquoi être attentif à ce qui nous garde loin de notre patrie ? loin de l’Amour divin ?

Ode 215

Où suis-je donc, moi ? A quoi bon les chagrins et les joies de ce monde ?
Où suis-je donc, moi, à quoi bon les soucis pour la pluie, pour l’eau qui coule des toits ?
Pourquoi n’irais-je pas à ma propre patrie ?
Que sert au coeur de contempler ce monde fait de poussière ?
Puisque je n’ai pas d’âne et ne suis pas ânier, ô mon âme,
Qu’ai-je à me soucier de la selle de l’âne, du transport de l’engrais ?
Tu es vieux de mille ans par la raison, l’imagination, la pensée !
Que t’importent les ennuis causés par les gens à l’esprit mauvais ?
Tu es l’oiseau à quatre ailes pour voler dans le ciel :
A quoi te servira l’échelle qui mène à la terrasse ?
Personne ne te prend pour une chèvre, et tu ne considères personne comme telle :
Pourquoi être attentif aux appels que pousse le berger ?
Mille cris arrivent de la voûte céleste :
Tu restes silencieux, et tu ne cherches pas d’où viennent ces cris ?
Puisqu’Adam fut exilé du Paradis à cause d’un serpent
Quelle sécurité trouverais-tu parmi les serpents et les scorpions ?
O mon coeur, ô mon coeur ! Reprends le fil de ton discours, et écoute ce dicton :
« Quel rapport y a-t-il entre le coq et l’âne ? »
Apporte le vin nouveau et verse-le à ceux qui sont mûrs.
Qu’y a-t-il de commun entre moi et ces gens frustes et vils ?
Entre dans la taverne et ferme de l’intérieur la porte :
Pourquoi t’occuper de ce que les autres ont de mal ou de bien ?
Ne crois pas que ta vie a une limite :
Tu es les attributs de Dieu, et Dieu n’a pas de limites ni de fin.
La mort brise la cage, mais ne blesse pas l’oiseau.
En quoi la mort concerne-t-elle les plumes de l’oiseau éternel ?
Garde le silence. Tu as longtemps parlé, et personne n’entendit
De quelle terrasse arrivait le son de ce tambour, et d’où venait ce discours.

Podcast et intermède musical: Pourquoi n’irais-je pas à ma propre patrie ?

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